31 octobre, 2006

Cordillère 2006 -De part et d'autre...- (épisode 10 -fin-)



Samedi 29 juillet

Une fois encore, nous consacrons une de ces dernières journées du voyage à la flânerie dans Santiago. Bien qu’il s’agisse de notre 5e séjour au Chili , et en particulier dans sa capitale, nous ne cessons à chaque passage d’en découvrir de nouveaux aspects, de nouveaux quartiers, de nouvelles ambiances. Aujourd’hui, c’est dans le quartier Recoletta, sur la rive droite du Mapocho, que nos pas nous ont guidé. C’est un quartier vivant où pratiquement chaque maison est dédiée au commerce. Des commerces se consacrant pour la plupart à la confection, à la vente de vêtements et de tissus. La plupart de ces établissements sont tenus par des familles asiatiques.

Il fait beau ce matin. L’air est frais, le ciel parfaitement dégagé et les sommets enneigés alentours semblent à portée de main.



(santiago, 29 juillet, 8 heures du matin)

Plus tard, nous ferons un petit crochet vers la place Baquedaño, où Pablo s’entraînera encore un moment avec son skate et croisera par ailleurs quelques « confrères » avec qui il échangera quelques mots.

L’après-midi, sera consacrée à une visite que nous rendrons à notre ami Antonio, à l’autre bout de la ville, dans le quartier de « Las Rejas » . Il me semble qu’il y a au moins dix stations de métro entre le quartier où nous logeons (Providencia) et celui où vit notre camarade que nous n’avons plus vu depuis notre dernier voyage il y a quatre ans.
Il n’ y a rien de changé dans sa petite maison de plein pied de la rue Geminis où il vit toujours avec sa compagne Elena et ses deux enfants.
Nous passerons une paire d’heures à discuter de l’actualité chilienne.



(Santiago, monument salvador allende, plaza de la moneda et publicité pour l'école de sous-officiers)

Notre ami ne semble guère optimiste quant à une amélioration prochaine de la situation socio-économique de son pays où la qualité de l’éducation ou des soins de santé est en constante régression. Il doute aussi que l’actuelle présidente, la socialiste Michelle Bachelet, soit en mesure de redresser la barre au cours d’un mandat dont la durée ne dépasse guère quatre ans. Toujours selon Antonio, Michelle Bachelet, et son gouvernement sont en train de subir aujourd’hui les conséquences désastreuses des gouvernements précédents.

Au cours de la conversation, Antonio évoque également la situation de son village natal, dans les environs de Valdivia, où nous avions séjourné il y a quelques années. Là-bas, les problèmes sont aujourd’hui d’ordre écologique. L’usine de pâte à papier installée non loin du village déverse en continu des substances toxiques contenant notamment du plomb dans la rivière toute proche.
Une pollution qui, non seulement, est déjà venue à bout d’une importante colonie de cygnes à col noir mais est aussi en train de compromettre l’avenir des pêcheurs de la zone. Ces derniers ont mis en œuvre des moyens de pression à l’encontre de l’usine (barrages, manifestations, etc…) mais cela reste encore fort insuffisant nous dit Antonio. Dans ce domaine, les journalistes sont peu loquaces. Les principaux groupes de presse du pays étant souvent liés à la grande finance nationale ou internationale, elle-même proche d' entreprises telles que ces fabriques de papier.



(santiago, marchandes de boules de berlin)

Dimanche 30 juillet

Matinée au Parc Bustamante, à 500 mètres à peine de notre hôtel et de la Plaza Italia où nous découvrons enfin le skate-park dont on nous avait parlé en début de séjour. Pablo s’en donne à cœur joie durant plus d’une heure. Entre temps, quatre ou cinq autres skaters sont venus le rejoindre.



(santiago, sur la plaza de armas)

En dépit de l’habituelle fraîcheur matinale, du moins en cette époque hivernale, le beau temps se maintient et nous invite à l’exploration. Notamment dans cet agréable quartier qu’est Santa Isabel. L’architecture est variée voire originale. Les maisons sont plutôt coquettes avec leur petit jardinet, la voirie est bien entretenue et des rangées d’arbres bordent l’avenue principale ainsi que les rues adjacentes. Une impression de calme se dégage des lieux et plus que jamais les montagnes aux sommets enneigés s’insinuent avec vigueur. Contraste toujours saisissant que la juxtaposition de cette Cordillère omniprésente et cette mégalopole de près de 5 millions d’habitants !

Reprendrons ensuite le chemin du parc Bustamante où nous passerons une bonne partie de l’après-midi. Une importante manifestation s’y tient. Il s’agit d’un grand rassemblement organisé par la communauté péruvienne installée au Chili. L’événement fête le 185e anniversaire de l’indépendance du Pérou. Au programme des festivités : une messe, les discours de l’ambassadeur du Pérou ainsi que ceux de quelques officiels chiliens. S’ensuit alors une succession de groupes de danseurs et de musiciens péruviens qui se produiront jusque tard dans la soirée dans une ambiance familiale. Le tout étant largement arrosé d’ Inca Cola, la fameuse boisson péruvienne aussi gazeuse qu’écœurante mais également de l’excellente Arequipeña (bière d’Arequipa)


Passons la soirée chez Christine et Juan à qui nous ferons nos adieux. C’est en effet après-demain que notre vol de retour est prévu.

Lundi 31 juillet


Journée un peu tristounette puisque consacrée aux préparatifs du retour, à la mise en ordre des sacs, aux achats de souvenirs pour la famille suivis de quelques balades peu convaincantes, notamment au Cerro San Cristobal.
Nous avions espéré apprécier une dernière fois le panorama de la ville qui s’offre depuis ce remarquable point de vue et ce, tout particulièrement au soleil couchant. Nous arrivons cependant un peu trop tard. Le taxi a mis un temps fou pour accéder au sommet de la colline en raison d’embouteillages. Lorsque nous arrivons, la lumière est déjà bien fade. Nous déambulons quelques temps sur le site toujours envahit par des nuées de familles et de touristes engloutissant hamburgers, pop-corn et barbes-à-papa rosées.



(santiago, panorama depuis le cerro san cristobal)

Regagnons l’hôtel pour notre dernière nuit à Santiago.

Lundi 1er Août


Vol de retour sans histoire, toujours à bord d’un A330 (The Flying Carpet) de la compagnie brésilienne TAM avec de nouveau une escale à Sao Paulo puis arrivée le

Mardi 2 août

A Paris- Charles de Gaule dans le courant de l’après-midi.
Il nous reste encore à attendre quelques heures le Thalys à destination de Liège, terme de ce périple de cinq semaines. Dans les allées de la gare, des militaires français avec leur imposant barda et en tenue de camouflage sont en partance pour le Moyen-Orient tandis que d’autres inspectent les quais, mitraillettes au poing.
Dans le train qui nous ramène au bercail, l’ambiance est étrange. Les passagers sont essentiellement des familles qui ont passé la journée à Euro Disney. Certains enfants arborant des tenues de princesses ou de personnages de Walt Disney chahutent tout en terminant leur big-mac dégoulinant, d’autres passent le temps en coloriant des livres d’images avec Bambi, Oncle Picsou, Donald et consorts. Les parents sont visiblement fourbus et énervés par les heures passées dans ce temple de la consommation et du kitsch érigé en norme.

Arrivée à Liège vers 20 heures.

Le frère de Marie-Hélène est venu nous attendre.
Il nous apprend que ce mois de juillet en Belgique a été exceptionnellement chaud. Il n’a plus plu depuis au moins quatre semaines.

Sur le chemin du retour…un premier orage vient à éclater. La pluie ne sera de tomber tout au long des 3 ou 4 semaines à venir !


(santiago, station centrale)

FIN

19 octobre, 2006

Cordillère 2006 -De part et d'autre...- (épisode 9)




Mercredi 26 juillet

Trajet Calama-Antofagasta à bord d’un bus de la Pullman.
Un long tronçon de désert grisâtre.
Le ciel est partiellement couvert.
Le bus prend approximativement 3 heures pour atteindre sa destination.
(antofagasta)

Antofagasta est une ville toute étroite bordée par l’Océan et limitée à l’est par d’impressionnantes dunes aux flancs desquelles s’accrochent de misérables maisonnettes.
Les rues en ce début d’après-midi sont peu animées et les commerces, pour la plupart fermés en cette heure de sieste.
Selon la technique désormais éprouvée, nous nous rendons sur la place principale (Plaza Colòn) pour y déposer armes et bagages et l’un de nous s’en va, les mains libres, à la recherche d’un logement décent.
Marie-Hélène dégotte assez rapidement un petit hôtel calle Latorre (le Dinasaquan ?).
L’endroit est propre. La chambre, quant à elle, parvient à peine à contenir un lit d’une personne et un autre de 2.
Il y a encore une télévision et un coin douche. Nous ne sommes qu’à deux pâtés de maisons du terminal Pulmann où nous devrons prendre après-demain le bus vers Santiago.
Tout cela devra convenir pour une nuit.
Partons à la découverte des environs sans grand enthousiasme, surtout après avoir consulté l’employée de l’office du tourisme local.
(antofagasta)

A la question de savoir ce qu’il est possible de visiter en une journée, celle-ci nous répond, après un long moment de réflexion, qu’ il y a bien quelques musées dans le centre et qu’actuellement, se tient une exposition d’art arabe dans le quartier. « Mis à part cela, ajoute la fonctionnaire, il reste encore la promenade le long de la digue ». « Et… y-a-t-il des restaurants en bord de mer ? s’enquiert Marie-Hélène ? » « Pas à ma connaissance, Madame, pas à ma connaissance ! ».
Nous opterons finalement pour la promenade sur la digue.
(antofagasta)

Une digue que nous n’atteindrons qu’après avoir longé des installations portuaires et des chantiers sans fin. Tout le long de l’avenue côtière s’alignent de nombreux immeubles de construction assez récente : des hôtels de luxe, des sièges d’entreprises, des buildings à appartements comportant « tout le confort moderne », comme l’indiquent les publicités placées aux fenêtres des appartements témoins.
(antofagasta,murales)

Sur la digue piétonnière déambulent calmement des promeneurs, des cyclistes et des jeunes en rollers ou en skate. L’endroit est idéal pour Pablo. C’est là qu’il s’entraînera un bon moment à la lumière d’un pâle soleil couchant.

Regagnons le centre à la nuit tombée et découvrons une grande place en forme d’amphithéâtre. Un beau et vaste marché couvert la surplombe. Pour un peu, on prendrait le bâtiment pour un opéra. Mais à l’intérieur, ceux qui s’activent sont des marchands de poissons, de viandes ou de légumes.

(antofagasta, le marché couvert)

Il y a également quelques estaminets où l’on peut se restaurer pour un prix modique. Nous choisissons l’un d’entre eux, décoré comme un musée, pour le repas du soir.
Les murs sont ornés d’anciennes photos d’Antofagasta du temps de sa splendeur. Dans un coin repose une cuisinière en fonte datant probablement de l’époque de la ruée vers le nitrate et un peu partout sont exposés des objets récupérés de bateaux de pêche : des boussoles, des cartes, des filets, des hublots, etc…

Sur le chemin du retour, nous flânerons encore un moment sur la place devenue entre-temps bien animée. Un boys-band latino baptisé « Los Amantes » susurrent des romances sirupeuses devant un parterre de collégiennes en uniforme et bas blancs.
Plus loin, un chanteur à la mise post soixante-huitarde reprend les grands classiques de Victor Jara avec sensibilité et émotion. Dans les rues adjacentes, des bonimenteurs de toutes sortes accaparent l’attention des chalands et des artisans attendent l’acheteur. Sur le sol, au milieu de la rue piétonne, un jeune homme dessinent à la craie le portrait de Mickey.

(antofagasta,kiosque à journaux)

Retour à l’hôtel.

A cet instant précis, une soirée dansante commence dans le café attenant à la pension. Salsas et cumbias tonitruantes vont s’enchaîner jusque 4 heures du matin. Nous trouvons difficilement le sommeil, même avec les boules « Quies ».

Jeudi 27 juillet

La matinée sera consacrée à la visite d’un haut lieu touristique de la région : La fameuse Portada. Située à une quinzaine de kilomètres au nord d’Antofagasta, cet îlot rocheux a, comme son nom l’indique, adopté la forme d’un gigantesque portail ouvert sur l’océan. Accessoirement, ce monument naturel se trouve aussi situé à hauteur du Tropique du Capricorne.

(antofagasta, la portada)

Nous longeons un moment la côte, véritable prolongement du désert, sans pouvoir néanmoins nous approcher du rivage. De profondes et friables falaises en empêchent l’accès. Des panneaux confirment d’ailleurs le danger en interdisant formellement la descente vers la plage. Nous resterons donc là, à distance respectable, à profiter du soleil, du bon air et à faire les fous dans les hautes dunes avec Pablo.

Après-midi « historico-culturelle » avec un parcours dans le très petit quartier historique de la ville incluant en tout et pour tout, l’ancienne douane bolivienne, l’antique gare de la FCAB (Chemin de Fer d’Antofagasta a Bolivia) et le môle, assez décrépi, d’où étaient expédiés par bateau les minerais (argent, nitrates, etc…) en provenance, notamment, de Bolivie.

(antofagasta, la vieille douane et le môle abandonné)

Tout en étant fort restreint, cet ensemble architectural est néanmoins intéressant et révélateur du passé prospère de cette cité du grand nord chilien.
En matière de prospérité, Antofagasta semble rester aujourd’hui encore le terrain de jeux privilégié de certains gros investisseurs, de sociétés multinationales et autres grands holding financiers. Au hasard des enseignes que l’on croise en chemin, on peut remarquer la présence de Caterpilar, Ing, Clear Channel, Legrand, ainsi qu’une multitude d’entreprises spécialisées dans l’ingénierie et la machinerie minière. Enfin, dans la grande banlieue, quasiment en bord de mer, s’alignent des ensembles d’habitations parfaitement emmurées (sans doute réservées aux cadres des entreprises nommées plus haut) et contrôlées par des sociétés de gardiennage. Cette impression de prospérité doit cependant être relativisée au regard de la misère dans laquelle se trouve visiblement plongée une grande partie des habitants de la ville. Ceux dont les bicoques s’accrochent désespérément aux flancs de dunes à la limite de l’effondrement.
(antofagasta)

Nous passons le reste de l’après-midi le long de la digue et prenons une collation au marché couvert.
Ce soir, un grand trajet en bus nous attend de nouveau. Direction : Santiago. Un voyage d’environ 16 heures que nous passerons cette fois dans un Pullman « Salon Cama » un peu plus coûteux que les bus traditionnels mais plus confortable avec leurs sièges plus larges et inclinables.

Vendredi 28 juillet

Arrivons à Santiago vers 12h30. Le ciel est bien dégagé, pour autant qu’il puisse l’être dans cette capitale toujours très polluée, et la température relativement agréable (15/16°), du moins si l’on compare avec les jours précédents. Santiago a en effet connu ces derniers temps une météo épouvantable ainsi que des précipitations très importantes. Dans le sud du pays, plusieurs personnes ont d’ailleurs perdu la vie dans les crues inattendues de certains cours d’eau.

(santiago, hôtel victoria simpson)

Nous nous rendons tout d’abord à l’Hôtel Casa Grande (Av. Vicuña Mc Kenna) où nous avions réservé la veille une chambre par téléphone. Dès notre arrivée, un employé de l’hôtel nous informe qu’un problème est intervenu entre-temps. Suite à l’organisation d’un congrès de médecins à l’université, toutes les chambres ont été réservées et nous ne pourront de ce fait être hébergé pour les nuits à venir. L’hôtelier trouvera néanmoins un arrangement avec un confrère de l’hôtel voisin (Hôtel Victoria Simpson, calle Almirante Simpson) où nous sommes aussitôt conduits.
Situé au fond d’une étroite venelle sans issue, le bâtiment de 2 étages avec balcon ne manque pas de charme. Du moins au rez-de-chaussée. Dans le hall d’accueil le mobilier et les boiseries sentent bon l’encaustique. Les fauteuils sont profonds, la lumière est tamisée et une musique douce baigne ces lieux au charme désuet.
Accomplissons les formalités d’entrée puis gagnons notre chambre au premier étage. Une chambre dont la fenêtre donne sur la venelle et son unique arbre chétif. Nous disposons d’un coin – toilette et d’une douche. Douche dont nous aurons une fois encore toutes les difficultés d’obtenir un jet d’une chaleur acceptable. La plomberie reste définitivement un métier d’avenir dans ce pays.



Malgré la fatigue d’un long voyage en bus, nous nous remettons aussitôt en route à travers la rue de cette capitale que nous aimons chaque fois un peu plus.

Après quelques heures de flâneries nous aboutissons en début de soirée à l’ Union. Un restaurant populaire de la calle Nueva York que notre ami Jean-Marie nous avait fait connaître il y a 4 ans. Dans cet établissement, le temps s’est arrêté depuis longtemps. Le personnel, le mobilier et la décoration ne semblent pas avoir subi de modification depuis au moins une trentaine d’années.
Il y a d’abord, dès l’entrée à gauche, ce très long bar où employés et fonctionnaires s’incrustent pour de longues heures une fois leur journée terminée. Là, la bière, la sangria et le vin coulent à flots. L’atmosphère est bruyante, joyeuse et enfumée. Plus loin, dans le fond, on trouve enfin la partie « restaurant ». Des petites tables, que l’on rapproche ou sépare au gré des affinités du moment accueillent les clients affamés.
La nourriture est simple mais consistante. Sur la carte, on peut lire, en vrac : côtelettes-frites-salade, congre-purée, pastel de choclo ou humitas, pizzas ou spaghetti. En guise d’apéritif, les flacons d’un litre de sangria semble avoir la cote. Les garçons, pour la plupart quinquagénaires, virevoltent au milieu de ce tohu-bohu en souplesse, veste blanche et flegme quasi britannique.
Au murs, de singulières reproductions de dessins représentent des chiens jouant au billard.

Retour à l’hôtel et nuit tranquille.





16 octobre, 2006

Cordillère 2006 -De part et d'autre...- (épisode 8)

Dimanche 23 juillet

Une journée de repos mais aussi de lessive (que nous ferons sécher sur le toit de la pension).
Dans l’après-midi, nous irons nous ballader dans ce parc d’où part le téléphérique vers le Cerro San Bernardo, la haute colline surplombant la ville. Il s’agit de l’excursion familiale du dimanche par excellence. Pour atteindre le sommet, nous préférerons toutefois le taxi. Comme des dizaines d’autres familles nous resterons là un bon moment à apprécier le panorama, à regarder le va et vient des cabines funambules tout en sirotant une limonade.

(salta, téléphérique du cerro san bernardo)

Le ciel demeurera nuageux toute la journée.

Revenus au parc, Pablo s’adonnera encore un moment à son sport favori.

Pendant ce temps, une manifestation de membres de la communauté Kolla se disloque et s’éparpille à travers les pelouses.
Originaires du nord de la province de Salta, ces derniers ont laissé des banderoles de papier gris sur lesquelles on peut lire leur colère à l’égard d’un gouvernement peu soucieux de ses minorités ethniques. Les manifestants, principalement les femmes, ont revêtu pour la circonstance leurs beaux vêtements traditionnels colorés en laine tissée.
Histoire de rentabiliser quelque peu leur voyage dans la capitale provinciale, certaines d’entre elles accostent les passants pour proposer du petit artisanat.

(salta, pendant la "fête de la famille")

Dans un autre coin du parc, l’heure est à la fête et à la musique. La municipalité de Salta organise aujourd’hui la « Fête de la Famille ». Des musiciens et des danseurs amateurs ont été invités à se produire dans le grand amphithéâtre en plein – air. Un public nombreux, bigarré, joyeux et de tous âges applaudit aux prestations des groupes qui se succèdent tout au long de l’après-midi.
Un peu à l’écart, des jeunes disputent des parties de foot acharnées. Il y a des couples qui flirtent dans l’herbe et des familles nombreuses en train de pique-niquer. Des chiens errants vagabondent d’un groupe à l’autre et les marchands de pop-corn grappillent ça et là quelques centavos.

(salta, partie de foot improvisée au parc)

Ce soir, nous préparerons un spaghetti bolognaise à la pension.

Parmi les locataires présents à la pension, nous ferons la connaissance d’un personnage insolite accompagné d’un cobaye prénommé José-Manuel.

L’homme se présente comme étant prestidigitateur professionnel. Il assure actuellement un contrat pour une compagnie de téléphonie mobile. Il va ainsi de galeries commerciales en super-marchés pour vanter les mérites de ladite compagnie tout en attirant les badauds avec ses tours et son animal fétiche.

Lundi 24 juillet

Journée tranquille consacrée aux préparatifs avant notre départ en bus vers Calama (Chili). Faisons un peu le ménage dans nos bagages, bouclons les sacs puis effectuons quelques courses dans le centre.

(salta, église san francisco)


Marie-Hélène –qui a un rhume depuis deux jours- ira chez le coiffeur et Pablo dénichera dans l’unique skate-shop de la localité une planche de fabrication argentine pour un prix assez modique (80 pesos). De mon côté je parviens à trouver chez un disquaire une version -un peu édulcorée- de la chanson « Cara de Gitana » que Leonardo s’était ingénié à apprendre à Marie-Hélène il y a quelques jours à Angastaco. La chanson est interprétée ici par un groupe local connu sous le nom de « Los Nocheros ».
Nous passerons enfin une partie de l’après-midi au parc où Pablo pourra encore s’entraîner un peu avec son skate.
Le repas du soir sera de nouveau pris à la pension où nous préparerons une sorte de goulash avec des légumes achetés dans l’épicerie voisine.

Mardi 25 juillet

La sonnerie du réveil retentit à cinq et demie.
Aujourd’hui, un sacré bout de chemin nous attend. Direction : le Chili. Avec en filigrane, déjà, un petit air de retour au bercail.
L’idée de Marie-Hélène de retraverser la frontière à hauteur de Salta doit s’avérer bonne. Je lis dans le journal que le Tunnel du Christ Rédempteur (à hauteur de Santiago) est fermé depuis 5 jours en raison des fortes chutes de neige et qu’une file de plus de mille camions s’est déjà formée à la frontière.

Après un rapide petit-déjeuner, un taxi vient nous chercher à 6h30. Le terminal des bus n’est certes pas très éloigné de la pension mais nous commençons à accumuler les bagages et peut-être un peu de fatigue.

Le bus de la société « Geminis » démarre vers 7h15.

Rapidement, nous atteignons la quebrada d’Humahuaca puis bifurquons vers le Paso de Jama. L’altitude (environ 4000 mètres) devient gênante.

(retour vers le chili)



Lorsque nous descendons du bus à la frontière argentine, une jeune passagère doit d’ailleurs recevoir des soins et se faire appliquer quelques temps le masque à oxygène.
Les formalités douanières, côté argentin, seront vite expédiées. A part le fait que nous devons attendre une demi-heure la fin du repas des douaniers.
Quelques heures d’altiplano plus tard, nous arrivons en vue du Licancabur, un volcan massif à la silhouette un peu inquiétante. Nous ne sommes dés lors plus très loin de la frontière chilienne. Vers 16h30 (heure chilienne), nous parvenons au poste de San Pedro de Atacama. Ici, les fonctionnaires sont nettement plus tatillons. Dès la sortie du bus, chaque passager doit d’abord passer sur une sorte de paillasson imprégné de désinfectant afin d’éliminer toutes substances polluantes des souliers. Les bagages de tous les voyageurs font l’objet d’une fouille systématique. Les deux malheureux morceaux de cactus séchés que j’avais trouvé à Tilcara sont scrupuleusement inspectés puis…confisqués. Une fonctionnaire zélée m’assomme de questions. D’où viens-je ? Où vais-je ? Où suis-je domicilié ? Marie-Hélène subit également le même genre d’interrogatoire : « Etes-vous réellement belge pour parler ainsi l’espagnol s’enquiert un douanier inquisiteur ? »

Au bout d’une petite heure de tracasseries, chacun regagne enfin le bus, qui s’arrêtera par ailleurs 500 mètres plus loin pour déposer les voyageurs à destination de San Pedro.

(calama, le kiosque, son cantonnier et ses chiens)

Nous arriverons à Calama à la tombée de la nuit. Sans hésiter, nous reprenons le chemin de l’Hôtel Loa qui nous avait accueilli au début du mois. Nous y retrouvons les deux voyageurs de commerce, représentants en tissus –mère et fils- rencontrés à l’époque. Ceux-ci reviennent d’une « tournée » à Arica où ils sont allés pour leurs affaires, non sans avoir, disent-ils, profités des joies de la plage que procure la « ville du printemps éternel ».

(calama, boutique de mode)



Nous irons souper d’un bon potage au « Club Croate ». L’un des plus anciens restaurants de la ville (fondé vers 1880) et sans doute aussi un des plus chers. En tous cas, venant d’Argentine, tout nous semble bien plus coûteux ici.
Nous profitons également de notre passage à Calama pour réserver dès à présent le bus pour Antofagasta -où nous nous rendrons demain- ainsi que celui qui nous ramènera à Santiago en fin de semaine

13 octobre, 2006

Cordillère 2006 -De part et d'autre...- (épisode 7)

Jeudi 20 juillet

Poursuivons notre route vers le sud, en direction de Cafayate, toujours par cette même piste (la fameuse route 40) à la fois infernale –par son état de délabrement général- et grandiose – par l’ ampleur des paysages qu'elle traverse.

(route 40, environs de seclantas)

Chaque vallée, chaque quebrada, chaque plateau offre de nouvelles perspectives et après chaque virage, de nouvelles couleurs, de nouvelles formes insensées et inattendues apparaissent. Le silence devient palpable, l’espace est infini, rien n’entrave la vision. Seules quelques rafales de vent soulevant des nuages de poussières troublent quelque peu cette singulière quiétude.
(seclantas)
(épicerie à seclantas)
Nous faisons une courte étape à Seclantas. Autre village blanc des Calchaquies. Place immense et disproportionnée par rapport à la taille du village et église peinte de couleurs vives. On croirait voir une bonbonnière. En face se trouve l’école communale avec ses jolies arcades et un peu plus loin une ancienne maison coloniale remarquablement reconvertie en auberge de luxe : El Capricho. Sa propriétaire nous invite à en faire le tour. Sans engagement et juste pour le plaisir, précise-t-elle. A l’intérieur du bâtiment, une fraîcheur exquise envahit le visiteur. Les meubles sont simples et rustiques mais d’excellente facture. Il y a aussi une bibliothèque où sont rangés divers objets ayant appartenu au mari de la propriétaire. Entre autre, un gramophone et un authentique casque de viking. La maîtresse des lieux nous fait remarquer que son défunt mari était Norvégien.
A l’extérieur, on peut encore voir un merveilleux patio au centre duquel un bassin avec fontaine dispense un peu de fraîcheur durant l’été.

Nous reprendrons encore la route quelques heures parmi une variété de paysages plus impressionnants les uns que les autres : roches tourmentées, pitons aux formes tarabiscotées, pistes en corniche surplombant des panoramas sans fin.


(alentours d'angastaco)
Décidons de faire une seconde étape à Angastaco. Cette petite entité rurale ne présente pas d’intérêt particulier en soi mais s’inscrit de nouveau dans un environnement exceptionnel composé de diverses quebradas aux formes étranges et aux noms évocateurs : Quebrada de las Flechas, Los Castillos, la Casa de los Loros, la Garganta del Diablo, etc…

Ces formations rocheuses friables, découpées au gré du vent ont toutes un caractère exceptionnel et sont autant de sculptures émouvantes et grandioses que survolent en permanence des nuées de perroquets verts et bleus.

Nous trouvons rapidement, à 100 mètres de la place, une pension bon marché dénommée « El Cardon ». Pour 10 pesos chacun, nous pourrons y passer la nuit.
Ici, aucune formalité n’est nécessaire à l’arrivée des voyageurs. L’arrangement avec la propriétaire est pour ainsi dire tacite. Nous laissons les bagages au pied du lit et partons aussitôt pour une petite flânerie dans les environs déjà baignés d’une lumière crépusculaire.

Non loin d’un rocher aux contours bizarres je stoppe la GOL, hélas, sans prendre garde à la consistance du sol : une sorte de gravier blanc très fin et particulièrement meuble. Impossible de redémarrer. Nous sommes ensablés. Nos efforts pour placer de gros galets sous les roues motrices restent vains. Nous abandonnons au bout d’une demi-heure d’essais infructueux et décidons d’attendre un véhicule salvateur. Un 4x4 à bord duquel une famille de touristes argentins s’arrêtera rapidement. Son pilote, un costaud nourris au « lomo de chorizo » depuis son plus jeune âge nous fera sortir de l’ornière d’un coup d’ épaule, non sans nous avoir demandé au préalable de quel pays nous étions originaires. La Belgique a dû lui convenir.

Rentrons au village, un peu fatigué par cette péripétie et nous dirigeons au hasard vers une sorte de boui-boui répondant au nom de « Rincòn florido ». Il s’agit en fait d’une serre ombragée et couverte de vignes –bien que sans feuille en ce moment de l’année-. Les murs y sont entièrement bardés de vestiges de la vie rurale d’autrefois. On peut y voir dans un invraisemblable pêle-mêle, des étriers et des éperons, de vieux instruments agraires et des lance-pierres, d' anciens cadenas et des clés dépareillés mais aussi des pierres trouvées au hasard de promenades, des lampes à carbure ou des pièges à renards. Bref toute l’histoire d’une région au travers d’un bric à brac insondable, insolite et presque surréaliste. Sur une table repose encore une belle collection de cactus. Enfin, dans le jardin jouxtant cette sorte de patio, le propriétaire des lieux a assemblé une rocaille où sont disséminés sans logique apparente, des statuettes et des colifichets religieux, des condors miniatures, des morceaux de quartz et, de nouveau, différentes espèces de cactus.
Le créateur de cet insolite musée s’appelle Leonardo Gutiernez. Cafetier et restaurateur de fortune, il concocte également un vin liquoreux que nous aurons l’occasion de goûter plus tard. En attendant, nous nous contentons de faire connaissance et surtout de nous rafraîchir après l’épisode de l’ensablement. Nous nous promettons de revenir dans la soirée pour le souper. L’épouse de Leonardo, Aïda, n’aura pas mis longtemps à nous convaincre de ses talents de cuisinière.

(singulière architecture à l'entrée d'angastaco)
Le soir venu, nous reprenons donc le chemin du « Rincòn florido » et acceptons les yeux fermés ce que propose aujourd’hui la maîtresse de maison : une cazuela consistante accompagnée de frites pour Pablo et deux belles pièces de viande –préparée « à la milanaise »- avec salade pour Marie-Hélène et moi.

Le breuvage de circonstance sera quant à lui le vin « patero » -dont les raisins ont été foulés aux pieds- de Leonardo. Un cru original et suave qui n’est pas sans rappeler le Madère. Nous en boirons deux petites bouteilles d’un demi-litre.

Au cours du repas, Leonardo nous confie sa passion pour la musique traditionnelle argentine, les chacareras et autres zambas-cuecas qui font la richesse et la réputation du répertoire local.
(leonardo gutiernez)
Leonardo nous fera d’ailleurs le cadeau d’en interpréter quelques-unes de son étrange voix de contre-alto. Avec sa guitare et le chant des grillons en contrepoint, l’air doux de cette nuit s’emplira d’un enchantement capiteux. Comme cette « Cara de Gitana », chanson que Leonardo s’ingéniera à apprendre patiemment à Marie-Hélène durant une partie de la soirée.

Vendredi 21 juillet

L’étape de ce jour nous fera encore traverser de biens somptueux paysages. Subtiles et interminables variations de vallées largement échancrées, de canyons parsemés de roches tourmentées et de plaines sablonneuses hérissées de cactées plusieurs fois centenaires.

Après une courte étape – le temps de pique-niquer - à Cafayate, une grosse bourgade provinciale réputée pour son vin, nous prenons la direction de Quilmes.
Cette fois, la piste est derrière nous et voici qu’apparaît de nouveau un ruban bitumé impeccable.
(vignobles à cafayate)
La route est bordée de vignobles au milieu desquels s’assoupissent de somptueuses haciendas impeccablement chaulées.

La visite de Quilmes, ou plus exactement de ses ruines, constituera le point fort de la journée. Ici certains qualifient d’ailleurs ce site de « Machu Pichu argentin ».
Il s’agit d’une cité pré-incaïque accrochée aux flancs de la montagne. On peut y observer les contours restaurés d’habitations, d'infrastructures défensives, d’enclos ainsi que de jardins en terrasse. Différentes excavations creusées dans la pierre, jadis remplies d’eau, faisaient office d’ingénieux calendriers agraires. Lorsque certains astres ou étoiles s’y reflétaient, le temps était venu de semer, de récolter ou d’accomplir quelque autre tâche agricole.
(ruines de quilmes)

A la fin de la visite, nous rencontrons 2 Argentines dont une est accompagnée de son bébé. Elles cherchent un moyen de regagner leur camping situé à une vingtaine de kilomètres d’ici, au village d’Amaïcha. Nous acceptons de les y conduire.

Bien que le village ne risque guère de laisser une impression indélébile, nous choisissons, vu l’heure déjà avancée, d’y passer la nuit.

Nous dénichons une petite pension pas trop inconfortable et, dans la même rue, découvrons un resto sympa dont la patronne a épousé un Belge originaire de la région de Comines. Ce dernier travaille toujours en Belgique mais revient tous les six mois retrouver son épouse argentine qui, elle, s’occupe du resto avec sa mère.

Samedi 22 juillet

Quittons Amaicha pour amorcer la dernière ligne droite, vers le nord cette fois, en direction de Salta. Le paysage devient plus vert et peut évoquer par certains aspects le Midi de la France. Exception faites des très hauts sommets que l’on peut encore apercevoir dans le lointain. Faisons une dernière halte à Coronel Moldès. Là, un peu à l’écart du village et des plantations de tabac, un lac artificiel a donné naissance à quelques activités touristiques un peu désuètes telles que des excursions lacustres à bord de barges à fond plat. Aux abords du plan d’eau, des familles viennent passer l’après – midi en faisant crépiter le charbon de bois au son de radios débitant des « twists latinos » tout droit sortis des sixties.
(coronel moldes)
Nous arrivons à Salta peu avant la nuit. J’ai toutefois le temps de rendre le véhicule à l’agence de location (Calle Urquiza) puis retrouve Marie-Hélène et Pablo à la pension « Quara » où nous avions occupé une chambre 5 jours auparavant.
Comme de vieux habitués salteños, nous retrouvons ce soir le « Jack Parrilla ».
Ce grand restaurant populaire de l’avenue Irigoyen où nous avions déjà eu l’occasion de tâter du bœuf local.
Le patron de l’établissement, un vigoureux sexagénaire au sourire ravageur, nous accueille comme le font ces descendants d’Italiens vivant en Argentine. Avec bonhomie, humour et un sens aigu du contact commercial. Il nous propose un genre de lomo de 3 centimètres d’épaisseur couvrant l’entièreté de l’assiette ! La « bête » est cuite à la perfection, tendre et juteuse à souhait. Une viande unique en provenance de la province de Santa Fé nous indique le restaurateur. Le tout sera agrémenté d’un malbec de la région de Cafayate tout à fait gouleyant.

Je viens de me rendre compte, un peu tard, que j’ai gardé en poche la clé de la chambre que nous avions loué la veille à Amaicha. Peut-être faut-il y voir un signe, une sorte d’obligation de retour, un jour ou l’autre, en ces lieux magiques….




12 octobre, 2006

Cordillère 2006 -De part et d'autre...- (épisode 6)

Lundi 17 juillet

Nous décidons de changer de pension. Dès le petit-déjeuner englouti, nous avisons une employée de notre volonté de déménager mais également d’être remboursés, du moins partiellement.
Le patron acceptera, après quelques palabres, une ristourne de 5 pesos.
Nous aboutirons donc quelques cuadras plus loin dans une autre pension dénommée « El Quara », calle del Estero, 137. Même genre d’ambiance jeune et dynamique et toujours l’accès à Internet mais avec, en plus, la promesse d’une nuit calme.
(salta, vue partielle)
Mettons à profit cette journée pour réserver une voiture avec laquelle nous pourrons parcourir la Vallée de Los Calchaquies.
Nous consacrons également une partie de la matinée à étudier une modification de notre itinéraire de retour vers Santiago.


Etant donné le risque de ne pouvoir regagner le Chili en passant par Mendoza en raison des chutes de neige fréquentes en cette saison -itinéraire initialement prévu- Marie – Hélène suggère que nous traversions la frontière par le col de Jama, précisément situé à hauteur de Salta. Un passage de la Cordillère dont l’avantage est de n’être pratiquement jamais enneigé. Aussi, réservons-nous prudemment 3 places à bord d’un bus qui nous ramènera la semaine prochaine à Calama.

Le reste de la journée se déroulera dans le parc proche du téléphérique. Là, Pablo se remettra à ses entraînements de skate-board.
(salta, marchand de pop-corn)
Ce soir, nous rencontrerons à l’auberge un jeune couple de Bruxellois (Philippe et Aline). Le garçon a quitté son emploi au sein du groupe Suez et a le projet de chercher un nouveau job plus utile à Buenos Aires. Aline vient quant à elle de terminer un travail sur les délocalisations en Wallonie. Le fruit de cette étude à pris la forme d’un film-documentaire qui devrait sortir sur les écrans en septembre, au Centre Culturel de Flémalle et vraisemblablement au Parc à Liège. Elle promet de nous inviter à l’une de ces projections.

Mardi 18 juillet

Cette fois, la nuit aura été réparatrice ! Heureusement, car ce matin, je vais prendre possession du véhicule de location (une « GOL ») qui nous mènera tout au long des prochains jours dans la vallée de Los Calchaquies.
La première des épreuves sera en effet de sortir le véhicule du hangar de la société de location et traverser la ville sans encombre jusqu’à la pension où nous chargerons les bagages. Ici, la conduite est généralement nerveuse et le respect des priorités plutôt aléatoire. En semaine, le trafic est de surcroît assez dense.
(salta, centre ville)
Nous démarrons le circuit vers la vallée de Los Calchaquies en fin de matinée et prenons tout d’abord la direction d’El Carril. Petite bourgade à une heure de Salta à partir de laquelle la route bitumée laisse place à une piste empierrée grimpant allégrement dans la montagne.
(cuesta del obispo)
Par moment, le chemin se transforme en corniche étroite entrecoupée ça et là de gués peu profonds. Une côte en lacet (Cuesta del Obispo) nous fait rapidement atteindre 3500 mètres d’altitude.
Bientôt, les pâturages verdoyants du début feront place à de vastes plaines arides couvertes de cactus. Par moment de maigres lits de rivières asséchées traversent et rythment l’étendue sablonneuse.
(peu avant cachi)

Apercevons au loin un modeste troupeau de vaches mené par un gaucho.

De nouveau, la route se met à grimper, mais cette fois plus modérément.
Durant la traversée d’un petit village, une dame âgée nous fait signe d’arrêter. Elle doit se rendre à Cachi pour y consulter un médecin. Nous la chargeons jusqu’à ce village où nous avions par ailleurs convenu de faire étape.
Trouvons rapidement une pension non loin de la place et de son église blanche en adobe. Le prix est modique (15 pesos par personne) et l’endroit agréable.
(cachi)
Les différentes chambres sont, comme de coutume, disposées autour d’un petit patio , les sanitaires sont communs et l’eau des douches est chaude. Nous décidons de rester ici deux nuitées.
En ce début de soirée, nous partons à la découverte de l’endroit, finalement peu touristique en dépit d’avertissements de voyageurs rencontrés auparavant.
La campagne environnante est typique de ces lieux de moyenne montagne. L’air y est sec et sain, les abords du rio sont arborés et les potagers bien entretenus. Il règne ici une atmosphère paisible et les habitants adressent systématiquement de cordiaux « bonjours » aux touristes.

(cachi)

Soupons à quelques pas de notre pension dans un établissement où crépite un feu de bois. Quelques jolies photographies en noir et blanc réalisées par une jeune artiste de l’endroit ornent les murs. Elles ont pour thème les communautés amérindiennes argentines et l’on y voit notamment quelques beaux portraits de paysannes mapuches.

Mercredi 19 juillet

Sur les conseils d’un employé de l’office du tourisme local, nous passerons la journée en montagne. Une promenade démarrant à « El Algarobal ». Un lieu- dit que nous atteignons au bout d’une quinzaine de kilomètres de piste défoncée. Lorsque cette piste s’arrête, le chemin pédestre commence : une belle randonnée d’environ trois heures le long d’une étroite vallée au fond delaquelle serpente un cours d’eau nerveux que nous devons par ailleurs traverser à plusieurs reprises. La végétation se compose essentiellement de hautes et solides graminées, d’arbustes épineux et bien entendu de cactus. Nous croisons également, par ci par là, quelques rustiques enclos de pierre où paissent de petits troupeaux de chèvres.
Il fait chaud.
(el algarobal)

Tout en marchant, Pablo et moi faisons une moisson de jolis cailloux brillants, sans doute des quartz mais aussi ce que je crois être du mica et de la pyrite. Ce minerais qu’autrefois les gens appelait l’or des fous !

Nous ne rencontrerons personne à l’exception d’une famille de touristes venant d’ Asunciòn au Paraguay. C’est du moins ce qu’indiquait la plaque d’immatriculation de leur véhicule. Nous lions connaissance et les accompagnons quelque temps sur l’étroit sentier. L’ homme est en fait originaire du pays basque et son épouse est allemande. Ils ont deux enfants : une fille d’environ 5 ans et un garçon de 8 ans. Ils nous expliquent qu’ils ont décidé de quitté l’Espagne, où ils ont vécu jusqu’à présent et , selon leur expression, ils ont tout laissé derrière eux pour tenter de refaire leur vie au Paraguay. Pays où, disent-ils encore, la vie est bon marché, ce qui devrait leur permettre de se « retourner » s’ils ne retrouvent pas d’emploi rapidement. Ils doivent en tous cas compter sur quelques belles réserves si l’on en juge par le véhicule qu’ils possèdent, un 4x4 Chevrolet flambant neuf qui doit au moins valoir 40.000 euros.

De retour à Cachi, rencontrons à la terrasse de l’ « Oliver Café » un touriste français un peu égaré. Souffrant de diarrhée et couvert de coups de soleil, il nous racontent ses multiples mésaventures dont celle qui l’a mené, par erreur ou méconnaissance de la géographie, à Santiago del Estero (Argentine) au lieu de Santiago du Chili, à moins que ce ne soit l’inverse, lui même n’en est plus très sûr non plus.

(tout le monde dort à la pension!)