25 mai, 2008

Chili, des photos, des légendes...(13)

Trois petites étapes sur la route de Santiago (2/3)


L’épisode de la destruction de notre tente par de mystérieux et invisibles assaillants nous a contraint à passer une journée dans la ville balnéaire de La Serena. Une journée consacrée à réparer notre matériel et surtout à recoudre la tente. Dès le lendemain, nous reprenons la route et quittons La Serena, toujours en stop. Ce qui n’est guère aisé. Nous sommes chargés comme des mulets et les automobilistes n’ont pas très envie aujourd’hui de faire le ménage dans leur véhicule pour accueillir deux routards égarés et hirsutes.

Un premier véhicule nous charge cependant pour un minuscule trajet jusqu’à la sortie de la ville, un deuxième jusqu’au port de Coquimbo (à peine 15 kilomètres plus loin), puis un troisième jusqu’au lieu-dit « Termas de Socos ». C’est avec le 4e véhicule de la journée que nous parcourrons le plus long tronçon, environ une centaine de kilomètres jusqu’au village de Huentelauquen. Il s’agit d’une estafette de l’armée avec à son bord deux militaires d’apparence affable. Ils engagent rapidement la conversation avec des sujets banals. Lorsqu’ils nous demandent quel est notre pays d’origine et que nous leur répondons la Belgique, l’un des deux s’exclame. « C’est extraordinaire, ma grand-mère maternelle est Bruxelloise, et de préciser…qu’elle vient de Schaerbeek ! ». Son compagnon acquiesce et ajoute qu’il y dans la région « beaucoup » de personnes originaires de Belgique. Un peu naïvement sans doute, nous lui répondons qu’il y a aussi pas mal de Chiliens en Belgique et tout particulièrement dans notre région, du côté de Liège. C’est alors que, brutalement le ton de la conversation vire à l’aigre. Un des deux militaires commence à s’emporter, et -presque en hurlant- nous dit que ces Chiliens installés en Europe et tout particulièrement en Belgique sont la honte du pays. « Ceux qui sont chez vous, c’est la racaille. Ce sont tous des communistes ! C’est cette catégorie de Chiliens qui vous désinforme et colporte des mensonges qui nuisent à la réputation de notre beau pays »

Sentant que le vent est train de tourner, l’autre soldat, plus diplomate, décide de passer à un autre sujet et, pour détendre l’atmosphère, met dans le lecteur une cassette d’un chanteur local.
-Et la musique chilienne, vous connaissez un peu chez vous, nous demande le troufion ? . Marie-Hélène lui répond, qu’effectivement, nous écoutons assez bien de chansons chiliennes à la maison »
-Ah oui, répond l’autre, et qu’est- ce que vous écoutez en particulier ?
-Eh bien, nous aimons des chanteurs comme Victor Jara, par exemple.
Le soldat reste impassible et sans se retourner lâche « Ah ça, je ne connais pas …. »

Je sens qu’à ce moment, les militaires commencent à en avoir marre de nous et à regretter de nous avoir chargé.

D’ailleurs, dès l’approche du village suivant -Huentelauqeun-, un minuscule hameau en bordure d’océan, le chauffeur nous déclare tout de go qu’il va devoir nous laisser ici.
Qu’importe. Il n’y a rien à voir ni à faire ici, mais la proximité d’une plage sauvage et déserte nous enthousiasme. Nous nous dirigerons à travers les dunes jusqu’à l’océan et dresserons là, dans un creux notre campement jusque demain. Il y a des brindilles et des arbrisseaux secs en suffisance, le feu du soir sera assuré et il nous reste un peu d'eau et de nourriture. La soirée sera bonne!

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