04 décembre, 2010

Oregon: 150 ans en 2009 (8/8)

Oregon: 150 ans en 2009 (8/8)
Un reportage réalisé en juillet 2008 (texte et photos: Bernard Jacqmin)


Crater Lake




A partir de Florence, lorsque l’on bifurque vers les terres en direction d’Eugene puis de Roseburg et que l’on suit le cours sinueux de l’Umqua River, on pénètre à nouveau dans un univers de forêts denses et majestueuses. Le relief devient accidenté et le parcours prend des allures aventureuses. Mais cette route 138 doit encore livrer une surprise de taille. Au terme de celle-ci, gît en effet un des lacs les plus étranges et des plus beaux que l’on puisse connaître. Il est un des plus profonds du monde et en tous cas, le plus profond des Etats-Unis puisqu’en son centre sa profondeur atteint 594 mètres. Ses eaux sont aussi, dit-on, d’une pureté incomparable. Aucun ruisseau, aucune rivière ni glacier ne l’alimente. Seules les eaux de pluie et les chutes de neige lui permettent de conserver un niveau toujours égal. Bien que situé à une altitude de 1800 mètres, le Crater Lake ne gèle jamais car protégé par une impressionnante muraille de lave solidifiée. Comme son nom l’indique, la formation du Crater Lake résulte d’une éruption gigantesque. Celle du volcan Mazama qui, à la suite d’une explosion cataclysmique survenue il y a 7700 ans, s’effondra littéralement sur lui-même en provoquant cette cuve abyssale, cette caldeira de près de 10 kilomètres de diamètre.


Les archéologues ont prouvé que cette zone était habitée il y a plus de 10.000 ans déjà. Il est donc tout à fait plausible que des humains aient été les témoins oculaires de cette scène digne d’une fin du monde. D’ailleurs, les indiens Klamath n’ont-ils pas perpétué une légende voulant que cette catastrophe géologique soit le résultat d’un combat entre des divinités rivales ? Une des raisons pour laquelle les Klamath, ont toujours considéré ce lieu comme étant sacré et les chamans interdisaient d’ailleurs à leur peuple de le regarder !



Il est vrai que de cette antique catastrophe, il subsiste ici et plus que jamais, une atmosphère des plus singulières. « A vous donner le frisson, diront certains !» Le visiteur, même le plus blasé, ne peut échapper à cette sensation de rentrer dans un monde irréel tant l’agencement des éléments constituant ce site confine à la perfection. Tout ici est à mettre au superlatif. Le lac forme un cercle quasiment parfait, ses eaux sont d’une limpidité exemplaire, et, protégé du vent par d’abruptes falaises, aucune vaguelette ne vient troubler la surface de

l’onde qui, décidément, prend des allures d’acier bleuté. Même en plein mois de juillet, lorsque la période touristique bat son plein, chacun semble observer ce spectacle avec déférence et les plus loquaces ne commentent leurs émois qu’à voix basse. Comme s’ils se trouvaient au cœur d’un sanctuaire interdit, assistant à l’accomplissement de quelque rite grandiose et surnaturel. Peut-être une de ces liturgies complexes dont avaient le secret les chamans Klamath. Peut-être un de ces mystérieux offices qui devaient se tenir sur l’Ile du Magicien!








                                                                                             FIN


Texte : Bernard Jacqmin (septembre 09)

Photos : Pablo et Bernard Jacqmin